Passages délicats

2024 - 2025

Passages délicats a pour point de départ un idéal de montagne vivante, loin des récits de conquêtes spectaculaires qui lui sont habituellement associés. En immersion dans les sommets, je me suis imprégnée de l’atmosphère à la fois hostile et accueillante de ce territoire pour imaginer une montagne sensuelle, désirable et teintée d’éros. Une “montagne refuge” avec laquelle faire corps. Ainsi, entre deux randonnées, j’ai invité mes ami·e·s à poser avec et pour moi. Des personnes exclues de l’iconographie montagnarde, assurément bourgeoise et masculine. Mes photographies, qu’elles soient mises en scène ou prises sur le vif, invitent à considérer la montagne non plus comme un simple paysage à consommer, mais comme une entité à protéger, dans laquelle les corps éprouvent et exultent. Ici, un·e randonneur·euse est au repos ; là, des amoureuses sont enlacées au cœur des rochers. À travers ce travail, je revendique la nécessité de s'approprier les territoires dits “naturels”, avec humilité, pour mieux les défendre. Interroger les liens poreux entre sauvegarde de la nature et lutte contre les violences faites aux minorités (sexuelles et de genre). 

Il résulte toutefois des images une certaine tension, comme si l’on sentait que toute cette quiétude ne tenait qu’à un fil- ou plutôt, à un faux pas, opéré sur une étroite ligne de crêtes.